États imprécis I

2019-2022

Le flou a une grande importance dans mon travail photographique . Lorsqu’un reflet apparait ou une matière déformante ou transparente s’immisce entre mon sujet et moi, j’ éprouve une énorme satisfaction à la vue de la nouvelle apparence que revêt mon sujet. Quelque chose d’autre que la vision rationnelle de la réalité s’offre à moi . L’effet est d’autant plus saisissant que le réalisme et la précision sont en général les premières caractéristiques de la photographie. J’aime le flou, sa douceur, sa poésie, son ouverture, la liberté qu’il donne à celui qui regarde. Ce projet s’inscrit dans cette recherche esthétique sur le flou. J’utilise un filtre réel à la prise de vue : une moustiquaire. Dans la lignée pictorialiste ou impressionniste, de manière plus ou moins consciente et dûe à mon amour pour les beaux arts, je recherche aussi une forme proche de la peinture moderne. Ici la sensation et l’émotion priment sur la représentation précise du sujet. L’importance du contour s’amoindrit et laisse la place aux couleurs et à leurs nuances, leurs dégradés, leur profondeur et leur luminosité.
La texture du filtre qui apparait plus ou moins sur l’image a aussi son importance dans le brouillage des lignes et des formes. Cette superposition participe d’une ouverture vers autre chose et finalement met en exergue la présence d’une représentation subjective du visible, consciemment modifiée ou épurée par le biais d’une installation, par la présence d’un obstacle à la vision nette. Comme si on passait la réalité au tamis pour n’ en sortir que l’essentiel, comme si le filtre était la matérialisation de la mémoire floue de l’artiste d’où ressort une possible “substantifique moëlle” .







photographies et textes ©Anne-Claire Vimal du Monteil. All rights reserved.Tous droits réservés.